Le Journal du Net du 30 mars 2007 a interrogé Denis
Wathier, nouveau Directeur Général France de Thomas Cook, et a mis en chapeau
de l’article :
Denis Wathier (Thomas Cook) :
"Nous comptons prendre des parts de marché aux pure-players" Après
Voyages-sncf.com, la SNCF et Maeva, Denis Wathier succède à Olivier de Nicola à la tête de Thomas Cook
France. Son objectif consiste à accélérer les ventes en ligne, mais en synergie
avec le réseau."
Pourquoi la mission de Denis Wathier est-elle plus aisée que celle de ses
prédécesseurs ?
La situation de crise est telle
que l’actionnaire ne peut plus se permettre un autre mélodrame. Le personnel est
certainement abasourdi par ces crises larvées entre le management d’une filiale
et son actionnaire.
Cette situation de crise est intolérable
et impensable dans sa durée. Il aurait fallu agir plus vite et éviter de donner
trop de liberté au management. Dans ce contexte, la marge de manoeuvre
d’Olivier de Nicola aurait dû être plus faible pour répondre efficacement à
l’attente de l’actionnariat. Il semblait évident depuis le début que le Groupe
devait orienter sa stratégie sur Internet et faire des coupes sur des canaux de
distribution moins rentables à terme.
« Quand le corps est malade,
il faut couper un membre pour éviter la gangrène. »
De quelle maladie parle-t-on ?
Apparemment, celle du laisser-faire.
Celle qui consiste à installer des hommes de développement quand on doit
restructurer et à leur accorder trop de temps.
Le personnel a certainement perdu
ses valeurs et ses repères parce que les bonnes décisions n’ont pas été prises
au bon moment.
Pour changer une entreprise, il
faut changer d’hommes pour mener les réformes et on ne peut pas incriminer les
actionnaires quand ils décident de changer de managers.
La règle du business dans l’ère
du Web2.0 est que l’avenir appartient au plus rapide qui mange le plus
gros. Thomas Cook France est en danger depuis quelques temps et l’actionnariat
a sanctionné le management à juste titre.
Le développement sur Internet
doit être conduit de manière intensive et c’est toute l’entreprise qui doit
muter. L’ancien management ne l’avait pas à priori compris ou tout au moins ne
donnait pas l’impression d’être capable d’effectuer cette transformation.
Il était évident que Thomas Cook France était
stratégiquement « Has been » et Denis Wathier n’aura pas de mal à appliquer une stratégie agressive
sur le Net, fort de son expérience.
Pour s’organiser et financer une telle stratégie, la filiale doit
trouver des gisements en interne.
Le plan de restructuration
demandé par les actionnaires est somme toute modeste quand on y réfléchit bien.
Demander à un management de faire
des économies et rien qu’à l’énoncé de l’objectif, vous avez déjà dégagés mécaniquement, 10%
d’économie par des mesures correctives et structurelles.
Un rapide calcul montre qu’il
sera aisé pour Denis Wathier de les obtenir. 10% d’agences en moins, soit 45
à fermer ou à revendre ou à franchiser.
Le développement du réseau des franchisés
constitue une source de revenus appréciable.
De même, si l’on évalue l’impact
social de la fermeture de ces 45 agences complétée de quelques mesures de
dégraissage au siège social et dans les services transversaux, l’objectif des
150 exigé par l’actionnaire est atteint.
Les gains économiques financeront en partie le développement vital d’internet.
Le véritable enjeu sur ce dossier
de restructuration pour Denis Wathier est de ne pas avoir de mouvements
sociaux.
Son atout, c’est que le personnel est sonné et a plus
peur de savoir à quelle sauce il va être mangé. Denis Wathier a « 100
jours » pour agir comme tout Premier Ministre nouvellement nommé.
La dureté de ce processus ne réside
pas tant dans la rigueur du plan à appliquer mais dans la mollesse de l’ancien
management qui a fait croire au personnel qu’il pouvait s’en sortir. Un plan est
toujours un moment difficile et délicat à vivre pour tous. Il doit être engagé
avec fermeté et en concertation avec les organisations syndicales. L’ancien
management a tort parce qu’il a laissé pourrir la situation. Il n’avait pas le
pouvoir et les moyens de ses ambitions.
Alors Denis Wathier agit Pour Quoi ?
En premier lieu, il agit pour
retrouver une rentabilité chez Thomas Cook France Denis Wathier va réussir sur le
plan de la restructuration et de la productivité car l’ancien management, avec 4
Millions d’euros de résultat pour environ 1 milliard de CA, n’avait pas fait ses preuves.
L’autre point plus délicat est
celui d’Internet car le challenge est ambitieux. Le retard pris par Thomas Cook
France est important et le géant n’est pas aussi véloce que les pures players
ou les nouveaux entrants.
La vraie valeur de Denis Wathier
sera jugée sur ce dernier point et sa capacité à devenir leader sur son marché.
Thomas Cook France n’est pas la SNCF,
mastodonte incontournable et sans concurrent. Il va devoir montrer qu’il est
brillant sur ce point. Je joue mon joker dans le doute.
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